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Le monument aux Morts à caractère pacifiste

Presque un an après la Grande Guerre, la loi du 25 octobre 1919 sur « la commémoration et la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre » est promulguée sans toutefois avoir un caractère contraignant. Chaque commune, selon ses moyens, pouvait faire ériger un simple obélisque de pierre ou un monument plus important. 

En 1920 les négociations commencèrent à Equeurdreville pour l’érection d’un monument qui a suscité de nombreuses dissensions entre la Commission des Beaux-Arts du Conseil municipal et le Comité provisoiredu monument aux morts créé pour la circonstance. 12 années vont être nécessaires avant d’assister à l’inauguration de ce monument. 

En 1922, le sculpteur Marcel Jacques, habitant Paris, mais ayant vécu à Equeurdreville dans son enfance propose ses services mais son projet ne sera pas retenu par la municipalité au grand dam du Comité du monument aux morts. Ce dernier, en avril 1923 accuse la municipalité en ces termes « La force d’inertie de la municipalité qui ne veut pas de manifestation patriotique et encore moins d’honorer ceux qui sont tombés dans la guerre croyant bien qu’elle serait la dernière. ». Le Maire Hippolyte Mars ne voulait en aucun cas faire l’apologie de la guerre et les débats entre les deux instances étaient de plus en plus tendus tant sur le choix statuaire que sur la devise.
Cette fois c’est la sculptrice Rachel Hautot, originaire de la Manche mais travaillant en Tunisie qui est pressentie. Elle soumet deux projets « Soldat brisant son arme » et « Le père et la mère pleurant leur fils ». Le premier est adopté par la Commission des Beaux-Arts et le second répond aux critères de la Commission du monument. En bronze ou en pierre l’un de ces deux projets verra le jour et l’on en informe l’auteur. Mais voilà qu’au sein même du conseil municipal les avis divergent. De divergences en divergences nous arrivons en 1930 et toujours pas de monument. 

C’est alors qu’une autre artiste, peintre et sculptrice, Emilie Rolez, professeur à l’école des Beaux-Arts de Cherbourg, présente un projet appelé « La veuve ». La douleur exprimée par l’épouse et ses deux enfants sera déterminante et le projet sera finalement adopté par tous. Le monument aux morts réalisé en pierre d’un poids de sept tonnes, avec la devise « Que maudite soit la guerre » sera enfin inauguré le 18 septembre 1932, Avenue du 8 Mai, non loin de la mairie. Sur le socle 225 noms ont été inscrits. 


Bibliographie : 
« Que maudite soit la guerre » enquête sur un monument aux morts 
pacifiste de Philippe Coëpel aux Editions des Champs 1997

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